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La loi relative au choix du nom issu de la filiation, une avancée féministe
La loi relative au choix du nom issu de la filiation, c’est aussi une avancée progressiste sur le long terme pour les familles d'aujourd'hui. Notamment dans le cas de familles monoparentales, où la mère qui ne porte pas le nom de son enfant doit constamment prouver, avec son livret de famille, qu’elle est bien sa mère. C’est d’ailleurs ce qui a poussé Marine Gatineau Dupré, agente SNCF et assistante technique d’unité, maman de deux enfants, à fonder le collectif PorteMonNom, à l’origine de cette loi. Alors que son petit garçon doit subir une hospitalisation, on lui demande de prouver qu’elle est bien sa mère. À deux reprises, pour prendre l’avion, elle doit montrer ses jugements de séparation. Marine Gatineau Dupré demande “au papa” l’ajout de son nom de famille en nom d’usage de leur enfant (une autorisation du père était nécessaire). Problème : il refuse, comme la loi le lui permettait.
La jeune femme de 38 ans se renseigne, monte le collectif et reçoit plusieurs milliers de témoignages, d’hommes et de femmes. Également conseillère municipale à Palavas-les-Flots, elle demande au maire de lui présenter un député pour évoquer le sujet. Elle tient à ce qu’il s’agisse d’un homme : “Je voulais lui expliquer ma situation de femme, de mère, pour qu’il l’explique aux autres hommes”, confie-t-elle à Femme Actuelle. Les femmes le savent déjà : à la naissance, c’est le père qui a le dernier mot. Ses préoccupations arrivent aux oreilles de Patrick Vignal, qui en touche un mot à Eric Dupond-Moretti. Le ministre de la Justice appelle alors Marine Gatineau Dupré, la remercie, lui avoue que la loi le touche tout particulièrement, qu’il est conscient du problème. “Dans le cas d’une famille recomposée, la belle-mère porte le nom des enfants de la première union et aura donc moins de problèmes que la mère biologique pour voyager avec eux ou les inscrire au judo. C’est la double peine pour la mère !”, s’étrangle Marine Gatineau Dupré face à ce qu'elle considère être une injustice.
“L'adoption de la loi sur le changement de nom est une véritable avancée pour les droits des femmes”, se réjouit-elle. “Les femmes n’auront plus besoin de se soumettre. Elles pourront exister administrativement. Le but, ce n’est pas d’entrer en guerre avec les pères ! Cette loi ne va pas les invisibiliser, comme certains le prétendent. Pour eux, la loi ne changera rien, et le nom du père reste celui qui est donné via la transmission. La question n’est pas d’enlever un droit au père, mais bien d’en ajouter un à la mère.” La fondatrice du collectif s'interroge : “Comment éduquer les enfants sur des valeurs d’égalité si on leur dit que le nom du père a plus d’importance que le nom de la mère ?” La maman est satisfaite que cette loi puisse changer le quotidien de ses concitoyens. “C’est merveilleux car, moi, qui ne suis rien, j’ai pu faire entendre un problème qui venait du terrain, avec la force des témoignages, face caméra, que nous avons reçus. Certains m’ont dit “Il faut apprendre à vivre avec son histoire.” Je leur réponds que l’on peut aussi se créer sa propre histoire… Et s’offrir une happy end.” La date du 1er juillet 2022 marque le début d’un nouveau chapitre pour de nombreuses familles